Notaire et divorce par consentement mutuel

Notaire et divorce par consentement mutuel : rôle, étapes et coûts à connaître

Le divorce par consentement mutuel permet à deux époux de mettre fin à leur mariage à l’amiable, sans passer devant le juge, grâce à une convention rédigée par leurs avocats et déposée chez un notaire. Pourtant, beaucoup d’entre vous ignorent encore les conditions exactes de cette procédure et le rôle précis du notaire. C’est souvent là que les erreurs apparaissent : un délai mal respecté, une omission dans la convention ou un partage mal rédigé peuvent remettre en cause tout le processus. Comprendre le rôle du notaire, les étapes clés et les coûts associés vous permettra d’aborder votre divorce amiable avec sérénité et efficacité.

Qu’est-ce qu’un divorce par consentement mutuel chez le notaire ?

Le divorce par consentement mutuel est une procédure amiable où les deux époux s’accordent sur le principe de la rupture et sur toutes ses conséquences : partage des biens, autorité parentale, pension alimentaire, ou encore prestation compensatoire. Cette forme de divorce est dite sans juge, car elle ne nécessite plus l’intervention du tribunal.

Concrètement, chaque époux doit choisir son propre avocat. Ensemble, les deux avocats rédigent une convention de divorce précisant tous les accords trouvés. Une fois signée, cette convention est déposée au rang des minutes du notaire. C’est ce dépôt qui donne date certaine et force exécutoire à l’acte, et rend le divorce juridiquement effectif.

Certaines situations excluent toutefois cette procédure simplifiée : si un enfant mineur demande à être entendu par le juge, ou si l’un des époux est placé sous protection juridique, le divorce devra alors passer devant le tribunal.

L’intérêt de cette procédure est multiple : elle est plus rapide, moins coûteuse et moins conflictuelle qu’un divorce judiciaire. Elle favorise un climat d’entente et limite les démarches administratives.

Quel est le rôle du notaire dans un divorce par consentement mutuel ?

Le notaire occupe une place essentielle dans cette procédure. Il ne remplace pas les avocats, mais il en assure la sécurité juridique et la validité.

Garantir la régularité et la validité de la convention

Avant de valider la convention, le notaire vérifie la présence de toutes les mentions obligatoires : identité des époux, informations sur les enfants, répartition des biens, mention d’une éventuelle prestation compensatoire, et désignation des avocats. Il s’assure aussi que le délai de réflexion de 15 jours entre la réception du projet et la signature a bien été respecté.

En cas d’oubli, d’erreur ou d’incohérence, le notaire a le pouvoir de refuser le dépôt jusqu’à ce que les avocats corrigent le document. Son contrôle évite ainsi toute nullité ultérieure du divorce.

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Donner date certaine et force exécutoire

Le dépôt de la convention chez le notaire a un effet déterminant : il confère à l’acte une force exécutoire, c’est-à-dire la même valeur qu’une décision de justice.

Autrement dit, c’est le dépôt notarial qui fait naître le divorce juridiquement. Avant cette date, les époux restent mariés. Après le dépôt, ils peuvent engager les démarches administratives liées à leur nouvelle situation (changement d’état civil, partage des biens, mise à jour du livret de famille, etc.).

Établir ou enregistrer la liquidation du régime matrimonial

Lorsque le couple possède un bien immobilier, le notaire est obligatoirement chargé de rédiger un état liquidatif. Ce document décrit en détail la manière dont les biens seront partagés entre les époux.

Le notaire peut aussi intervenir pour régulariser les créances, récompenses ou prestations compensatoires, même lorsqu’il n’y a pas de bien immobilier à diviser.

Enfin, lorsque les avocats rédigent eux-mêmes la liquidation dans le cas d’un patrimoine simple, le notaire reste garant de la conformité de l’acte final au moment du dépôt. Son rôle assure donc la sécurité juridique de toute la procédure.

Les étapes du divorce par consentement mutuel pas à pas

Pour bien comprendre comment se déroule un divorce par consentement mutuel chez le notaire, il est essentiel de suivre les étapes dans l’ordre. Cette procédure reste simple, mais elle repose sur des délais stricts et des documents obligatoires. Voici le guide complet, étape par étape.

ÉtapeActeurs principauxDélai moyenCe qu’il faut retenir
1. Choisir son avocatChaque épouxImmédiatDeux avocats distincts sont indispensables. Chacun signe une convention d’honoraires avec son client.
2. Rédiger le projet de conventionAvocats + épouxVariableLe projet précise tous les accords : rupture, garde des enfants, partage des biens, prestation compensatoire.
3. Envoi en LRAR du projetAvocats15 jours minimumChaque époux reçoit le projet par lettre recommandée avec accusé de réception. Le délai de réflexion commence à cette date.
4. Signature de la conventionÉpoux + avocatsAprès 15 joursLa signature est simultanée entre les deux époux et leurs avocats. Plusieurs exemplaires sont signés pour les différents acteurs.
5. Dépôt chez le notaireAvocat + notaire7 à 15 joursL’un des avocats transmet la convention au notaire qui la dépose au rang de ses minutes. Le divorce prend effet à cette date.
6. Mise à jour de l’état civilAvocats ou époux1 à 2 moisLes mentions sont ajoutées sur les actes de mariage et de naissance. Cette mise à jour rend le divorce opposable aux tiers.

Documents et justificatifs à préparer

Avant même la rédaction de la convention, préparez un dossier complet. Les avocats et le notaire en auront besoin pour vérifier la validité de l’acte.

  • Pièces d’état civil : carte d’identité, livret de famille, actes de naissance et de mariage datant de moins de 3 mois.
  • Formulaire d’information des enfants mineurs (article 388-1 du Code civil) pour les informer de leur droit d’être entendus par un juge.
  • Attestation sur l’honneur des revenus, charges et patrimoine (article 272 du Code civil) pour permettre d’évaluer une éventuelle prestation compensatoire.
  • Projet d’état liquidatif s’il existe un bien immobilier à partager entre les époux.
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Délais légaux à respecter

Les délais font partie des éléments les plus importants de cette procédure. Leur non-respect peut entraîner l’annulation du divorce.

  • 15 jours de réflexion minimum entre la réception du projet et la signature. Ce délai permet à chacun de relire et valider la convention en toute sérénité.
  • 7 jours maximum pour transmettre la convention signée au notaire.
  • 15 jours pour que le notaire procède au dépôt définitif et confère force exécutoire à la convention.

Coût d’un divorce par consentement mutuel chez le notaire

Le coût global d’un divorce par consentement mutuel avec notaire dépend de plusieurs éléments : les honoraires des avocats, les frais notariés et la présence (ou non) d’un patrimoine à partager.

Poste de fraisMontant indicatifÀ la charge de
Acte de dépôt notarialEnviron 50,40 € TTCLes deux époux (partage possible)
État liquidatif notariéSelon la valeur des biensLes deux époux
Droit de partage1,1 % de l’actif net partagéLes deux époux
Honoraires d’avocatMontant libreChaque époux pour son avocat

Bon à savoir : la convention de divorce peut prévoir une répartition différente des frais entre les époux. Si vous remplissez certaines conditions de ressources, l’aide juridictionnelle peut également couvrir tout ou partie des honoraires d’avocat et du dépôt notarial.

Que se passe-t-il après le dépôt chez le notaire ?

Une fois la convention déposée, le notaire remet une attestation de dépôt à chaque ex-époux. Ce document constitue la preuve officielle du divorce et permet de mettre à jour l’état civil.

Ensuite, votre avocat (ou vous-même) transmet cette attestation à la mairie où le mariage a été célébré afin que la mention du divorce soit ajoutée en marge de votre acte de mariage. Les mairies de naissance de chaque ex-époux sont ensuite informées.

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Dès que cette mise à jour est effectuée, le divorce devient opposable aux tiers : vous pouvez vous remarier, modifier vos papiers d’identité ou encore mettre à jour votre livret de famille.

Si le mariage a été célébré à l’étranger, la procédure prévoit un envoi de l’attestation au Service central d’état civil de Nantes, qui assure la mise à jour des registres français.

Points de vigilance avant de signer

Avant de signer votre convention de divorce par consentement mutuel, prenez le temps de vérifier certains points essentiels. Ces détails, souvent considérés comme mineurs, peuvent pourtant entraîner un refus de dépôt par le notaire, voire l’annulation du divorce.

Tout d’abord, assurez-vous que la convention de divorce et la liquidation du régime matrimonial (s’il y en a une) soient parfaitement cohérentes. Par exemple, les montants, les biens mentionnés et les répartitions doivent être identiques dans les deux documents. La moindre incohérence peut bloquer la procédure.

Deuxièmement, il est impératif de choisir deux avocats totalement indépendants. Les époux ne peuvent pas être représentés par des avocats exerçant dans la même structure, le même cabinet ou partageant les mêmes locaux. Cette indépendance garantit la neutralité de la démarche et la validité du divorce.

Pensez également à vérifier l’information des enfants mineurs. Chaque enfant doit avoir été averti de son droit à être entendu par le juge, même s’il choisit de ne pas l’exercer. Si cette information manque, le divorce peut être jugé irrégulier.

Autre point crucial : les délais postaux. Le projet de convention doit être envoyé par lettre recommandée avec accusé de réception à chaque époux, et chacun doit en accuser réception avant la signature. C’est à partir de cette réception que commence le délai de réflexion de 15 jours.

Enfin, si vous résidez à l’étranger, renseignez-vous sur la reconnaissance du divorce sans juge dans votre pays de résidence. Certains États n’acceptent pas cette forme de divorce et exigent un jugement pour qu’il soit valable.

Ces vérifications, simples mais essentielles, vous éviteront des délais supplémentaires et garantiront la validité de votre divorce.

FAQ sur le notaire et le divorce par consentement mutuel

Le notaire peut-il refuser un dépôt de convention ?

Oui, le notaire peut refuser le dépôt d’une convention s’il constate des irrégularités : mentions manquantes, signatures absentes, non-respect du délai de réflexion ou oubli des informations sur les enfants mineurs. Dans ce cas, il informe les avocats pour que la convention soit corrigée avant un nouveau dépôt.

Le divorce est-il effectif le jour de la signature ?

Non. Le divorce par consentement mutuel ne devient effectif qu’à la date du dépôt chez le notaire. Avant cette date, les époux restent mariés légalement et ne peuvent pas entreprendre de démarches administratives liées à leur changement d’état civil.

Peut-on divorcer par consentement mutuel si l’on a un bien immobilier ?

Oui, c’est tout à fait possible. Cependant, la liquidation du régime matrimonial doit alors être rédigée sous la forme d’un acte notarié, qui sera annexé à la convention de divorce. Cette étape est indispensable pour tout couple possédant un bien immobilier en commun.

Combien de temps dure un divorce par consentement mutuel ?

La durée moyenne d’un divorce amiable varie entre un et deux mois. Tout dépend de la rapidité des échanges entre avocats, de la disponibilité du notaire et de la complexité du dossier (notamment s’il existe un patrimoine immobilier à liquider).

Faut-il passer devant un juge si un enfant mineur veut être entendu ?

Oui. Si un enfant mineur exprime le souhait d’être entendu, la procédure de divorce par consentement mutuel devient judiciaire. Le juge aux affaires familiales sera alors saisi pour homologuer la convention, même si les époux sont d’accord sur tous les autres points.

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