Quand et comment intervient le déblocage des fonds d’une succession par le notaire ?
La perte d’un proche est une épreuve difficile, souvent accompagnée d’inquiétudes financières légitimes. Dans ce cas, la question du déblocage des fonds d’une succession par le notaire est centrale pour les héritiers qui attendent le versement de leur part. Il faut comprendre que ce versement final est l’aboutissement d’un processus rigoureux visant à sécuriser juridiquement et fiscalement la transmission du patrimoine.
Le principe général : pas de versement avant la clôture de la succession
Contrairement à une idée reçue, l’argent n’est pas immédiatement disponible pour les héritiers. Dès que la banque est informée du décès, les comptes du défunt sont automatiquement bloqués. Les sommes présentes sont alors transférées vers la comptabilité du notaire, généralement sur un compte séquestre ouvert à la Caisse des Dépôts et Consignations.
La règle est stricte : le déblocage effectif des fonds au profit des héritiers n’intervient qu’une fois la succession définitivement clôturée. Cela se matérialise le plus souvent par la signature de l’acte de partage ou, pour les successions les plus simples, de la déclaration de succession. Avant cette étape, le notaire a l’obligation légale de conserver les fonds pour régler les éventuels créanciers et l’administration fiscale.
Quels sont les délais réels pour toucher l’héritage ?
Le temps nécessaire pour percevoir les fonds varie considérablement selon la nature du patrimoine. On distingue généralement trois scénarios :
- La succession simple (1 à 2 mois) : Si le patrimoine n’est composé que de liquidités (comptes bancaires) et qu’il n’y a pas de conflit, le règlement peut être très rapide.
- La succession standard (6 mois) : C’est le délai moyen constaté. Il correspond au délai légal pour déposer la déclaration fiscale sans pénalités.
- La succession complexe (plus de 12 mois) : La présence de biens immobiliers à vendre, d’un élément d’extranéité (biens ou héritiers à l’étranger), ou d’enfants mineurs peut allonger significativement la procédure.
Une fois l’acte de partage signé par tous les héritiers, il faut encore compter un délai technique bancaire de 10 à 15 jours pour que le virement du notaire apparaisse sur votre compte personnel.
Pourquoi l’argent est-il bloqué ? Les 5 étapes de vérification
Le notaire agit comme un garant de l’État et des tiers. Avant de libérer le moindre centime, il doit suivre un parcours balisé en 5 étapes clés :
- L’identification des héritiers : Rédaction de l’acte de notoriété pour certifier qui a le droit d’hériter.
- L’inventaire du patrimoine : Interrogation des banques (FICOBA) et recensement des avoirs (comptes, assurance-vie, biens mobiliers).
- L’apurement du passif : C’est une priorité absolue. Le notaire utilise les fonds de la succession pour payer les dettes du défunt (factures en attente, frais funéraires, charges de copropriété, impôts sur le revenu).
- Le calcul de l’actif net : Une fois les dettes payées, le notaire détermine le montant réel restant à partager.
- Le paiement des droits de succession : L’État est servi en premier. Le notaire prélève les droits dus au Trésor Public sur la part de chaque héritier avant de distribuer le solde.
Peut-on obtenir une avance sur part avant la fin de la procédure ?
Il est parfois difficile d’attendre six mois ou plus. Heureusement, il est possible de demander un acompte sur succession avant la clôture du dossier.
Cependant, cette avance est soumise à deux conditions strictes :
- La succession doit disposer de liquidités suffisantes (argent disponible sur le compte de l’étude).
- Il faut impérativement obtenir l’accord unanime de tous les cohéritiers.
Si un héritier s’y oppose mais que vous êtes dans une situation d’urgence financière, vous pouvez saisir le juge pour ordonner cette avance, mais cette démarche reste longue et procédurière.
Les cas particuliers : Vente immobilière et succession sans notaire
Deux situations spécifiques influencent grandement les modalités de déblocage :
- La vente immobilière : Si l’héritage est principalement constitué d’une maison ou d’un appartement, les fonds ne seront disponibles qu’après la vente du bien. Il faudra attendre la signature de l’acte de vente et l’établissement de l’attestation de propriété immobilière. L’argent de la vente transitera obligatoirement par la comptabilité du notaire avant d’être redistribué.
- La « petite » succession sans notaire : Pour des montants faibles (généralement inférieurs à 5 000 €), sans bien immobilier ni testament, les héritiers peuvent parfois traiter directement avec la banque. Sur présentation d’un certificat d’hérédité ou d’une attestation signée par l’ensemble des héritiers, la banque peut procéder au déblocage sans passer par une étude notariale, ce qui accélère le processus.
Que faire en cas de blocage ou de désaccord entre héritiers ?
Le notaire est un arbitre impartial, mais il n’a pas le pouvoir d’un juge. Si un désaccord persiste sur la répartition des biens ou l’évaluation du patrimoine, le notaire ne pourra pas procéder au virement des fonds.
Le dossier est alors « gelé ». Si aucune solution amiable n’est trouvée (médiation), les héritiers devront se tourner vers un partage judiciaire devant le tribunal. Cette procédure est souvent longue (plusieurs années) et coûteuse. Il est donc toujours recommandé de privilégier le partage amiable pour garantir un déblocage des fonds dans des délais raisonnables.
Pour accélérer le traitement de votre dossier et éviter les pénalités de retard, veillez à répondre rapidement aux sollicitations de votre notaire et à fournir les pièces demandées dans les plus brefs délais.







